L'erreur de Hillary

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Dans quelques jours, la revue américaine The Atlantic Monthly va sortir un numéro qui révélera dans le détail la communication confidentielle de l'équipe de campagne de Hillary Clinton.
Il s'agit notamment des nombreux messages électroniques qu'ont échangés les membres de son équipe entre eux pendant la durée de la campagne des primaires.
Mais certains d'entre eux ont déjà été publiés dans la presse, et ils font apparaître une division très nette au sein du camp Clinton sur la meilleure stratégie à adopter afin de remporter la nomination face à Obama. 
La principale pomme de discorde : Hillary devait-elle oui ou non attaquer Obama sur son profil "non américain ?"

Voici ce que Mark Penn, directeur de la communication de la campagne de Clinton écrivait en mars 2007 :
"Il n'a pas de racines vraiment américaines, aussi bien pour ce qui est de sa culture ou de ses valeurs. Je n'ose pas imaginer l'Amérique élisant, en temps de guerre, un président qui n'est pas au plus profond de lui-même fondamentalement américain dans sa manière de penser et dans ses valeurs."
Bien sûr, comme tout le monde le sait désormais, Hillary n'a pas voulu suivre cet angle d'attaque suggéré par Penn. Elle a certainement pensé que de tels propos seraient considérés racistes, et elle a eu peur...

Pourtant aujourd'hui nous pouvons affirmer qu'ELLE A EU TORT :
- Tout d'abord, même si certains auraient pu considérer qu'il s'agissait d'attaques racistes, le fait est que Mark Penn ne faisait là qu'énoncer une vérité (voir l'un de nos articles précédent : "Certificat d'inéligibilité") : il est clair que Barack Obama n'a pas vécu une enfance typiquement américains, il passa ses jeunes années en Indonésie, sa famille est à  la fois kenyane et indonésienne, son vrai nom est Barry Soetoro, etc...
Cela peut soulever quelques doutes  quant à son sentiment patriotique, surtout si l'on se souvient de certains de ses propos un peu étranges ou des mots polémiques de sa femme Michelle sur le fait qu'elle n'était pas fière de son pays.


- Deuxièmement, la caricature publiée dans le New Yorker, même si elle a pu choquer certaines âmes sensibles, a rappelé à tout le monde que des interrogations persistent quant à la religion de Obama et à ses liens éventuels avec certains groupes extrêmistes : bien entendu, pour l'instant il  ne s'agit que de rumeurs qui circulent sur Internet, mais il existe certains faits troublants avérés dont nous reparlerons dans un prochain article, notamment sur le financement illégal de sa campagne par des fonds étrangers.

- Troisièmement, IL S'AGISSAIT D'UNE CAMPAGNE ELECTORALE et Hillary est loin d'être une débutante. Elle aurait dû savoir qu'en campagne présidentielle, aucune attaque n'est trop dure, au contraire. Si vous voulez devenir président des Etats-Unis, vous devez être prêt à dire n'importe quoi au sujet de votre adversaire, y compris exagérer, caricaturer, voire mentir (pourquoi pas ?) Tout cela n'est peut-être pas joli joli, mais c'est comme ça que ça marche.
Cela me surprend qu'elle ait reculé : dans le passé, Hillary était généralement la moins timorée des deux Clinton pendant les campagnes de Bill. Elle était celle qui osait, quand il se lançait en campagne électorale, aussi bien pour la fonction de gouverneur que de président, c'était elle qui lui disait d'oser... Et cette fois-ci, c'est elle qui n'a pas osé.
- Quatrièmement, l'Amérique est fragiliséé. Les Américains sont inquiets au sujet de la situation internationale. En 2000 et en 2004; lors des élections présidentielles, une chose principale a motivé leur vote : LES VALEURS.
Hillary a-t-elle oublié cette donnéee importante ? Pourquoi ?
Toutes les enquêtes réalisées après ces élections ont montré que les électeurs ont fait plus confiance aux Républicains sur le plan des valeurs et que c'était la raison pour laquelle les Démocrates avaient perdu.
Alors donc, réfléchissons un instant : qui peut raisonnablement penser que Obama a la moindre chance de l'emporter face à McCain sur ce terrain-là ?

- Enfin, John Mc Cain et les Républicains doivent probablement attendre avec impatience le début de la campagne officielle en Septembre : ils vont alors se faire un plaisir de rappeler aux électeurs qu'Obama n'a pas reçu une éducation américaine et n'a pas d'origine purement américaine. Ils vont aussi leur rappeler l'indifférence, pour ne pas dire le mépris que lui et sa femme ont souvent montré envers leur pays : le drapeau américain qu'il n'a pas accroché à son veston, et évidemment le fait qu'il n'ait pas placé sa main sur son coeur, quand l'hymne national a été joué en Iowa, et surtout les mots insultants envers l'Amérique prononcés par son pasteur Jeremy Wright.

Soyons sûrs que les Républicains préparent des tas de spots de campagne dont ils vont inonder les écrans de télévision et qui montreront ses images en boucle.
Soyons sûrs que cela va provoquer au moins un sentiment de malaise chez les électeurs ; au pire un rejet total d'un homme qui représente tant de choses auxquelles ils ne sont pas habitués. Un homme qui ne leur ressemble pas, qui est si différent... Pas du tout le père dont ils auraient besoin pour être rassurés en des temps si troublés...
Un homme qu'ils ne peuvent en aucun cas choisir pour être leur leader !

Si Hillary avait su faire preuve d'un peu plus de courage, si elle avait été un peu moins préoccupée par sa future carrière au sénat et par son rôle au sein du Parti Démocrate, alors elle aurait dit tout ça au cours de la campagne.
Et nul doute que ce serait elle qui serait en train de se préparer à prononcer son discours de nomination, dans quelques jours, à Denver !

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